Bède le Vénérable

Bède le Vénérable
Bède le Vénérable
    Au VIe et au VIIe siècle, en Angleterre, une fois que les invasions anglo-saxonnes furent terminées par l’assujettissement d’une partie du pays aux envahisseurs, se prépara, avec la diffusion du christianisme, le mouvement qui devait aboutir à la grande part que prit la chrétienté anglaise, au VIIIe et au IXe siècle, dans la culture du continent. L’on connaît ce mouvement par l’Historia ecclesiastica gentis Anglorum que composa, au monastère de Jarrow, Bède le Vénérable (672-735) et qu’il mena jusqu’en 731. Il nous raconte les résistances que rencontra la papauté chez les chrétiens d’Irlande et qui ne cessèrent que dans les dernières années du VIIe siècle. Plus encore qu’au Sud de la Gaule, les moines irlandais résistaient aux thèses augustiniennes sur la grâce et gardaient, dans le libre arbitre, la confiance du grand ennemi de saint Augustin, Pelage, qui était de même race qu’eux. Les papes leur reprochaient encore de maintenir, pour la fête de Pâques, une date qui leur était commune avec les Juifs. Au milieu du siècle, les moines irlandais avaient envahi presque toute l’Angleterre ; la soumission extérieure de l’Irlande en 617 ne fit peut-être pas cesser ce particularisme, dont nous trouverons des témoignages chez les Irlandais célèbres du VIIIe siècle.
    Au VIIe siècle, Bède le Vénérable fit tous ses efforts pour fournir au catholicisme anglais cette armature intellectuelle qu’Isidore lui avait donnée en Espagne. Son œuvre répond aux mêmes besoins que celles d’Isidore : rassembler des extraits de toutes les connaissances humaines. La difficulté était sans doute encore plus grande qu’en Espagne : beaucoup de prêtres ne savaient même pas le latin, et Bède recommande de leur faire apprendre l’oraison dominicale et le symbole des Apôtres en latin, s’il se peut, sinon, dans la traduction en langue vulgaire qui vient d’en être faite. Si l’on suppose, tombant sur ce milieu inculte, tous les résultats de la culture littéraire et scientifique de l’antiquité, on voit qu’il n’était ni possible ni désirable que Bède tentât autre chose que ce qu’il a tenté : conserver, en extraits, ce qu’il pouvait de cette culture.
    Nous trouvons, dans le De Natura rerum, la même image du monde physique que dans le traité de même nom d’Isidore, qu’il a souvent copié : cette image, empruntée à Pline l’Ancien et venue, à travers le temps, de la science aristotélicienne, est indépendante de toute référence à un dogme religieux quelconque, sinon que, comme Isidore, Bède place au-dessus du firmament le ciel aqueux emprunté à la Bible, atteignant ainsi avec le ciel des fixes et ceux des sept planètes le nombre de dix cieux ; pour le reste, ce sont des éléments d’astronomie, de météorologie et de géographie. Un ouvrage intitulé De Mirabilibus sacrae scripturae, que l’on trouve dans les œuvres de saint Augustin, et qui a été écrit en Angleterre en 660, témoigne, en quelques endroits, notamment dans la théorie des marées, du même genre de curiosité.

Philosophie du Moyen Age. . 1949.

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